Naim est assis dans une pièce remplie d’oiseaux, buvant son café du matin. Fin juillet 2014, l’armée israélienne avertit la population à l’est du camp de réfugiés de Jabaliya d’évacuer la zone. Naim est déchiré : doivent-ils tout laisser derrière eux et courir ? Qui s’occupera des oiseaux ? La maison de son frère Abdelkarim, où ils peuvent aller, est couverte par un épais toit de ciment, ce qui pourrait les protéger des débris en cas d’explosions dans les environs. Naim n’a, au-dessus de la tête, qu’une une mince couche de tuiles de fibrociment, qui ne parviennent même pas à protéger sa famille de l’impitoyable chaleur de l’été. Le fils de Naim, Ala, âgé de 17 ans, était parti au marché lorsqu’il a vu des gens qui fuyaient. Certaines personnes transportaient leurs possessions, d’autres étaient montés sur des chariots tirés par des ânes ou bien des tuk-tuks, quelques personnes avaient des voitures remplies jusqu’au toit. En rentrant chez lui, Ala arrive à convaincre son père qu’ils devraient fuir eux-aussi et se rendre chez leur oncle Abdelkarim, qui habite aussi dans le camp de réfugié de Jabaliya, mais dans une maison avec une construction beaucoup plus solide.
La famille s’attable pour le déjeuner dans la maison d’Abdelkarim et se raconte des blagues et des histoires afin d’essayer de transformer cette évacuation forcée en réunion de famille. Un peu plus tard dans la journée, la grande sœur d’Ala, Wafaa’, s’est mise à lui parler de mariage. Leur mère avait quelqu’un en tête pour Ala. Il a écouté, mais il a tout de même rit de l’idée.