C’est Basel Shuheibar, âgé de 10 ans, deux mois seulement après la frappe du drone.
Quand il se met en colère, Basel casse des choses. Ou frappe sa soeur. Les sédatifs que les docteurs lui ont fait prendre n’ont pas arrêté les explosions de colère. Et quand il finit par se calmer, la migraine arrive.
L’attaque de drone l’a laissé avec de sérieuses blessures à la tête, au bras et aux mains. Un bout de son crâne manquait. Il y avait un shrapnel logé à l’intérieur de sa tête et d’autres dispersés d’un bout à l’autre de son corps. Il a survécu de peu, et est resté inconscient pendant deux jours. Enfin, Basel est allé en Allemagne pour que le shrapnel soit retiré de sa tête. Mais son système nerveux a été endommagé. Pour soigner ses mains, les docteurs ont inséré des plaques de métal pour réparer l’os.
Quand nous lui avons rendu visite, un an après jour pour jour, il avait l’air plus mince que sur la photo, mais aussi moins épuisé. Il souffrait toujours d’explosions de colère mais elles sont devenues de moins en moins fréquentes.
Basel n’a pas beaucoup parlé, mais il n’était pas triste non plus. En fait, il souriait. Il a passé deux mois en Allemagne et en Turquie, subissant des opérations à la tête et au bras. Sa mère a dit que oui, il va mieux, mais il souffre toujours au niveau de son bras et à cause des migraines récurrentes. Son corps est plein de shrapnels potentiellement cancérigènes.
Comme les autres enfants de Gaza traumatisés par la guerre, il peine à l’école. Il lui est devenu beaucoup plus difficile de rester concentré pour de longues périodes et de mémoriser des choses. La mère de Basel fait tout ce qu’elle peut pour l’aider : l’école est une nécessité, et bien que pendant quelques mois, le garçon n’ait pas été capable de prendre des notes avec sa main blessée, il allait toujours en cours.
Basel dit que les cauchemars qui l’ont hanté durant les premiers mois après l’attaque ont cessé. Il a arrêté d’éviter les gens, mais passer du temps avec d’autres enfants est toujours un défi. « À cause de ma blessure, je me fatigue rapidement, j’ai des migraines. Et j’ai peur que ma blessure à la tête s’ouvre à nouveau », explique-t-il. Alors parfois, il préfère rester seul.